Les neurosciences et « l’effet sanscrit »

Par Ariel ReShel vendredi, 23 Février, Uplift

Upliftconnect.com

adaptation française, Marion Dupuy pour yogaoleron.

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La science prouve l’effet du chant

Nous sommes nombreux à avoir entendu les moines tibétains de GYUTO. Avec leurs chants extraordinaires et les bas bourdonnements du fond de leurs gorges quand ils récitent les anciens textes sacrés, ils ont su captiver l’audience occidentale par leurs longues récitations soignées et justes, de puissants textes bouddhistes tibétains. Assis en leur présence, vous ressentez la clarté et une puissante transmission d’énergie  spirituelle et de guérison. La tradition bouddhiste plonge ses racines en Inde et dans la langue sacrée du sanscrit. Alors que les moines bouddhistes tibétain sont une riche tradition chantée, en Inde, cette vieille tradition remonte à encore plus loin.

Les étudiants de sanscrit en Inde, apprennent à chanter d’anciens textes dès leur plus tendre enfance. Ils chantent de simples mantras, de la poésie et de la prose sanscrite, tout en mémorisant et en chantant les plus anciens textes sanscrits, comme le Shukla Yajurveda, qui prend 6 heures à chanter.

Ceux qui écoutent le chant de ces textes sacrés qu’ils partagent avec nous, en reçoivent leurs dons, car le chant de longs textes a un surprenant effet sur le cerveau. Les neurosciences montrent comment la mémorisation rigoureuse peut aider le cerveau. Le terme « l’effet sanscrit », a été inventé par le neuroscientifique James Hartzell, qui étudia 21 professionnels qualifiés dans le Sanscrit ou « pandits ». Il découvrit que mémoriser des mantras védiques augmentait la taille du cerveau associée à la fonction cognitive, incluant la mémoire de court et de long terme. Cette découverte corrobore la croyance de la tradition indienne selon laquelle mémoriser et réciter des mantras améliore la mémoire et la pensée.

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Des pandits sanscrits s’entrainent à réciter des textes sanscrits depuis l’enfance, depuis l’âge de 7 ans.

 

Une découverte inattendue

Docteur Hartzell, un passionné de sanscrit et un chercheur postdoctoral du « centre basque de la cognition, du cerveau et du langage » en Espagne, passa de nombreuses années à étudier et à traduire le sanscrit et devint fasciné par son impact sur le cerveau. « J’ai remarqué que plus j’étudie et plus je traduis du sanscrit, meilleure devient ma mémoire verbale. Des collègues enseignants et étudiants ont souvent remarqué ma capacité à retranscrire exactement les conférenciers quand je leur pose des questions en séance. D’autres traducteurs de sanscrit m’ont raconté des changements cognitifs similaires. Les pandits sanscrits indiens s’entrainent des années pour mémoriser oralement et réciter exactement des textes vieux de 3000 ans avoisinant 40 000 à 100 000 mots. » Il voulait découvrir comment un si intense entrainement à la mémoire orale affecte la structure physique de leurs cerveaux.

Les recherches du Docteur Hartzell’s sont la première étude à examiner le cerveau des savants en sanscrit. Utilisant l’imagerie de résonance structurelle (MRI) au « centre de recherches sur le cerveau » en Inde, ils ont scanné les cerveaux de 21 pandits sanscrits et de 21 sujets de contrôle.

« Ce que  nous avons découvert grâce au scanner structurel MRI était remarquable. De nombreuses régions dans le cerveau des pandits étaient beaucoup plus larges que celles des contrôles, avec plus de 10% de matière grise supplémentaire répartit dans les 2 hémisphères et des augmentations substantielles dans l’épaisseur corticale. Bien que la quantité exacte de matière grise dans l’épaisseur corticale mesurée soient encore à découvrir, des augmentations dans ces mesures sont constamment corrélées avec une fonction cognitive améliorée.

Il reporte que la partie droite de l’hippocampe des savants, une région qui joue un rôle vital dans la mémoire de court et de long terme et qui est spécialisée dans les schémas tels que le son, l’espace, ou la vue, avaient plus de matière grise que les sujets de contrôle. Le cortex temporal droit, associé à la prosodie, et à l’identité vocale, était également substantiellement plus épaisse.

Les études passées, le docteur Hartzell n’est pas sûr que l’effet soit particulier au sanscrit et décida donc de mener des recherches plus approfondies. Le pouvoir du son et du chant est devenu largement documenté et même de courts chants ont un effet énergisant et guérisseur sur le corps et l’esprit et ceux qui chantent des chants sacrées ou des versés. Fait intéressant, il y a de cela 50 ans, un scientifique français remarquait que les moines catholiques qui chantaient des chants grégoriens avaient des mémoires exceptionnelles.

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Les études passées

En 1967, Alfred Tomatis, un physicien français et spécialiste des oreilles, étudia les effets du chant sur des moines bénédictins qui traditionnellement chantent jusqu’à 8 heures par jour selon un emploi du temps strict. Quand un nouvel abbé changea cet emploi du temps, diminuant les heures de chant, les moines devinrent fatigués et léthargiques, bien qu’ils bénéficient de davantage de sommeil. En fait, plus ils avaient d’heures de sommeil, plus ils étaient fatigués. Alfred Tomatis croyait que le chant énergisait leurs cerveaux et leurs corps, donc il réintroduit le chant et les moines furent de nouveau plein d’énergie.

L’étude récente du docteur Hartzell remet sur la table la question à savoir si ce type de mémorisation d’anciens textes peut être une aide dans la réduction des maladies dévastatrices telles qu’Alzheimer et toutes celles affectant la mémoire.

Apparemment, les docteurs ayurvédiques de l’Inde suggèrent que c’est le cas et que de futures études vont être menées, ainsi que d’autres recherches sur le sanscrit.

Alors que nous connaissons tous les effets de la « pleine conscience » et des pratiques méditatives, les découvertes du docteur Hartzell sont réellement géniales. Dans un monde où la durée de l’attention est réduite, où nous sommes noyés par l’information quotidienne, et où les enfants montrent toute une gamme de troubles de déficits de l’attention, l’ancienne sagesse indienne a beaucoup à apprendre à l’occident. Même en introduisant de petits moments de chant et de récitation, cela pourrait avoir des effets surprenant sur nos cerveaux à tous.

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