1. Présentation générale
Vipassana est une technique de méditation qui trouve les origines de son actuel développement au milieu du XX° siècle, en Birmanie.
Après avoir connu le succès financier dans son entreprise, un birman de confession hindouiste, S.N. Goenka, souffrait tellement de migraine qu’il a tout arrêté dans sa vie pour trouver un soulagement à sa souffrance permanente. 10 ans plus tard, après avoir rencontré tous les plus grands médecins du monde occidental, de la Suisse à l’Angleterre, des Etats-Unis au Japon, rien ni personne n’avait su solutionner son problème. La seule alternative a la souffrance a été la prescription a doses toujours plus grandes de morphine. Au bout du compte, il retourna chez lui, toujours avec sa migraine et dépendant à l’opium.
C’est sans plus d’espoir qu’il rencontra un grand maître de la méditation Vipassana : Sayagyi U Ba Khin. Celui-ci lui assura que la méditation qu’il enseignait était respectueuse de toutes les religions, étant simplement une pratique de concentration physique et mentale. S.N. Goenka était un hindou fervent et c’est seulement après plusieurs semaines d’hésitation que la perspective de soigner sa douleur l’a finalement convaincu d’essayer une première retraite de 10 jours. Comme c’est encore le cas aujourd’hui pour tous les participants sans exception, il du respecter le règlement intérieur et donc arrêter à la fois sa consommation de morphine et les rites hindous, pour « laisser toutes ses chances » à la nouvelle méthode qu’il allait apprendre.
50 plus tard, Goenka est devenu l’ambassadeur de cette technique qui a conquis le monde entier puisque des retraites sont organisées sur tous les continents, et qu’il l’a présenté lors d’une conférence aux membres de l’ONU, mais également au cœur de la connaissance scientifique actuelle : le Machassusset Institute of Technology, bien connu sous le sigle M.I.T.
Concrètement, j’ai participé à une retraite de 10 jours au Guatemala. Le centre guatémaltèque a organisé cet hiver sa 14ème session. Ouvert depuis 2007, ce fut la première fois que les participants hommes et femmes comptaient exactement le même nombre et que la majorité des bénévoles étaient des guaté.
Tout ça pour dire que l’ambiance n’avait rien à voir avec celle que l’on trouve dans les Eco-retraites de luxe réservées aux occidentaux. Ici on donne ce que l’on veut à la fin des 10 jours selon son budget, ce qui ouvre la porte à des personnes motivées aux revenus modestes. Et donc nous n’étions que 4 ou 5 occidentales parmi une trentaines de méditantes venus du Guatemala ou des Pays voisins comme le Salvador et le Nicaragua.
2. Expérience pratique
Voilà pour la présentation générale. Maintenant passons à la pratique : réveil tous les jours à 4h/4h30 du matin, coucher tous les soirs à 21h/21h30, le reste de la journée se passe dans le silence total et dans la méditation. Interdiction formelle de communiquer sous toute forme que ce soit, interdiction de lire, d’écouter de la musique, d’écrire. Cette limitation importante des activités quotidiennes permet une intensité de concentration intérieure formidable. Impossible de parler de soi aux autres, de se comparer, d’envahir ou de se sentir envahie par l’Autre. Tout ce temps n’est rien que pour nous.
On commence par méditer uniquement sur l’observation du souffle qui entre et sort des narines. 14h par jour pendant 3 jours. Ouèèèèèèèè ! Maintenant vous voyez où se trouve la difficulté. Impossible de s’échapper d’une quelconque manière ! Les premiers désistements arrivent souvent à la fin du second jour, pour ceux qui ne supportent pas la proximité avec eux même.
Pour moi, ce qui c’est passé à ce moment là c’est qu’ Enfin ! J’ai pu me concentrer sur mes petits problèmes. J’ai commencé par analyser mes principales préoccupations et prendre des décisions… et puis le temps a passé, les stratégies changèrent, évoluèrent, … un pas en avant, deux pas en arrière… Et finalement je me suis clairement rendue compte que toute cette analyse stratégique (merci les longues études) c’est beau sur le papier mais dans la vraie vie, je change d’avis comme de chemise et en fonction de mon humeur, de mon niveau d’énergie et de ma capacité à éprouver de l’espoir ou au contraire à être déprimée… : tout change … tout le temps ! Autant dire que toutes ces réflexions étaient vaines. Alors j’ai lâché prise et j’ai commencé à méditer sur les enseignements de Goenka que nous écoutions avec joie tous les soirs vers 20h30. Car Goenka est le seul à pouvoir parler et qu’il ne se prive pas de se moquer et de faire des blagues. Ce grand homme est décédé en 2013 mais tous les enseignements dispensés pendant les retraites sont des enregistrements qui datent des années 80’s.
Ensuite les 7 jours suivants furent consacrés à la méditation Vipassana pure. Après avoir affûté notre attention avec l’exercice de la respiration, nous passions en revue tout notre corps. Et à ce moment là arriva la grande leçon : Observation avec compassion et équanimité. On ne fit qu’OBSERVER et non relaxer, et non guérir, et non reprogrammer ou quoi que ce soit.
3. Les liens avec mes recherches spirituelles
J’ai fauté, telle Pandore qui ouvre le coffre contenant tous les malheurs des hommes. J’ai commencé très jeune fille mes recherches et j’ai été piquée de curiosité. Alors j’ai erré à la recherche de la Vérité avec un grand « V » dans tous les sens, dans de nombreux pays, avec divers supports.
Pour faire court, la méditation Vipassana est la vérité que je souhaite chérir et nourrir. Sa simplicité, son efficacité et la résonance qu’elle possède avec ma pratique, lui offrent une place de choix dans mon quotidien maintenant et pour le restant de ma vie. C’est fort me direz vous, j’avoue que je suis une idéaliste ! D’autre part, j’ai essayé tellement de choses, trouvant toujours des contractions, des paradoxes qui remettaient en question tout l’édifice… Je ne m’étendrai pas plus sur mes erreurs, laissant à chacun la possibilité d’apprendre ses leçons ;).
L’observation des sensations de mon corps avec équanimité est depuis 15 jours une activité que je pratique 1h/12h, donc une fois le matin et une fois le soir.
Je préfère cette technique aux autres que j’ai pu tester car elle a un support physique : le corps humain. Ceci a deux avantage : c’est sensoriel donc on se concentre facilement. Et le second c’est que nous nous mettons à l’écoute de l’intelligence du corps, un concept fondamental dans les pratiques physiques spirituelles comme le yoga.
Comme j’ai commencé à méditer dès ma sortie le 6 janvier, j’ai pu noter les différences entre là bas et ici, notamment ma descente vibratoire depuis que je suis sortie de mon environnement privilégié d’apprentissage. Ensuite j’ai également remarqué que certains matins, la nuit ne m’a pas reposée. Après une heure de méditation, je me sens rafraichie et pleine d’énergie. Ceci fonctionne aussi pour le soir, entre la journée de travail et le début de la vie privée.
Les deux combinés, j’ai accès à une somme d’informations qui m’intéressent car elles me concernent directement (mon égocentrisme est utilisé comme une source de motivation !) et qui me permettent de mieux me connaître. Donc je développe un fort ancrage intérieur qui me permet d’agir selon mes choix conscients au lieu de réagir à la somme des facteurs qui constituent mon environnement intérieur et extérieur.
Tout ceci repose sur une notion bouddhiste : l’impermanence. En acceptant que tout change, je me regarde avec équanimité, j’accepte ce que je suis ici et maintenant. Je sais que le passé n’existera jamais plus et que le futur n’existe pas. Je sais que les seules décisions que je peux prendre sont au moment présent. Quand je dis « je le sais » le sens est plus proche de « je le vis ».
Et tout ceci a pour conséquences que j’accepte de laisser mourir mon « moi » car je réalise dans mon corps que « je » n’existe pas. Seules existent mes valeurs et seules les actions menées sous leur guidage existent. Voir le livre intitulé « un cours en miracle ». J’accepte d’être prisonnier de la matière et donc de n’être que le féminin passif qui se retourne vers l’esprit, le Un indivisible. J’accepte de n’être qu’un canal car je prends conscience que seule ma conscience existe.
Pour finir un petit résumé en mathématiques de ce que j’ai compris suite à 15 années de recherches… le Un indivisible en devenant vivant perd tout son pouvoir (c’est la bonne excuse de Dieu pour ne rien faire pour nous pauvres humains) et c’est le 2, le reflet du 1 qui reçoit ces pouvoirs. Mais ces pouvoirs sont sauvages, indomptés car c’est le propre de la matière d’être aveugle, impitoyable. Le 2 s’il veut retrouver sa conscience et sortir de sa prison, du cycle de l’alternance de la souffrance et du plaisir, doit se retourner vers le 1, lui laisser toute la place, lui rendre tous ces pouvoirs. Vipassana c’est la mise en pratique de cette connaissance.